Entre fantasmes et réalités, il est temps de faire le ménage
Le Haut Potentiel Intellectuel (HPI), aussi fascinant que mal compris. Il suffit d'évoquer le sujet pour que surgissent un florilège de clichés dignes d’un téléfilm : QI stratosphérique, performances scolaires brillantes, destin de génie en embuscade… et si on calmait un peu le jeu ?
Non, être HPI n’est pas un super-pouvoir. Ce n’est pas non plus une lubie de parent en quête de prestige scolaire. Le haut potentiel est un fonctionnement cognitif particulier, souvent complexe, parfois déroutant. Et surtout, c’est un profil humain. Très humain.
Dans cet article, on démonte avec humour, bienveillance (et un brin de provocation) 6 mythes coriaces qui collent à la peau des enfants et adultes HPI. Spoiler : non, ils ne sont pas tous bons en maths.
Mythe 1. “Les HPI, ce sont des petits génies !”
🎬 Le cliché Netflix
Des enfants lunettes rondes, passionnés d’astronomie, qui finissent le lycée à 12 ans… Stop. Si certains HPI brillent de mille feux académiques, d’autres peinent à suivre la norme scolaire. Pourquoi ? Parce que le haut potentiel intellectuel n’est pas un super logiciel de réussite automatique. C’est un mode de pensée spécifique, avec ses fulgurances et ses limites.
🧠 Le vrai fonctionnement cognitif du HPI
Le HPI est caractérisé par un QI supérieur ou égal à 130, souvent mesuré par le test WISC chez l’enfant. Mais ce chiffre n’est qu’un indice : il existe mille façons d’être HPI. Pensée en arborescence, hypersensibilité, hyperesthésie, traitement de l'information plus rapide… autant de facteurs qui n’ont rien à voir avec la perfection scolaire.
Mythe 2. “Ils réussissent tout sans effort.”
😴 L’ennui, ce poison invisible
Certains enfants HPI comprennent vite. Trop vite. Et s’ennuient. Profondément. Pas par fainéantise, mais parce qu’on leur répète des choses déjà intégrées depuis longtemps. Résultat ? Perte de sens, décrochage, voire auto-sabotage. Le fameux "cerveau turbo" a besoin d’essence émotionnelle pour fonctionner.
🎯 Apprendre à apprendre, c’est vital
La pédagogie classique valorise la répétition, la mémorisation, la rigueur. Le HPI, lui, a besoin de compréhension, de sens, de liens. Il ne s’agit pas d’aller plus vite, mais autrement. Et souvent, d’un bon accompagnement enfant HPI, pour lui apprendre à structurer, persévérer, se réassurer.
Mythe 3. “Ils sont forcément bons partout.”
🧩 Le puzzle des compétences hétérogènes
Beaucoup de HPI ont un profil en dents de scie : très performants dans certains domaines, en difficulté dans d'autres. Brillants en logique, mais désorganisés. À l’aise à l’oral, mais bloqués à l’écrit. Et ce n’est pas un bug, c’est le programme.
C’est là que les intelligences multiples prennent tout leur sens. Howard Gardner en distingue huit : linguistique, logique, musicale, spatiale, corporelle, interpersonnelle, intrapersonnelle, naturaliste. Un HPI peut exceller dans une, deux ou plusieurs… et ramer dans les autres.
🚧 Double exceptionnalité, double défi
Quand un HPI cumule ses particularités avec un trouble DYS ou un TDAH, on parle de double exceptionnalité. Ces profils sont encore trop souvent mal compris, ou diagnostiqués trop tard. Ils ont besoin d’un regard fin, d’une posture souple… et d’un bon vieux lâcher-prise.
Mythe 4. “Ils sont arrogants, ils veulent toujours avoir raison.”
😬 Quand le besoin de justesse est confondu avec de la prétention
Derrière l’enfant (ou l’adulte) qui reprend les autres, pose mille questions, chipote sur un détail… il n’y a pas un égo surdimensionné. Il y a souvent une hypersensibilité, une soif de clarté, et une fatigue mentale de ne pas être compris.
Ce n’est pas “je veux avoir raison”, c’est souvent “je ne comprends pas pourquoi vous ne voyez pas ce que je vois”.
🫥 Une solitude déguisée
Le HPI peut donner l’impression d’être à l’aise socialement, mais se sentir très seul intérieurement. Ce décalage, cette pensée rapide, ces émotions en surintensité… tout ça peut isoler. Et l’arrogance n’est parfois qu’un masque, une carapace, pour survivre dans un monde qui ne laisse pas la place à la nuance.
Mythe 5. “C’est une mode, tout le monde est HPI maintenant.”
🔍 Plus visible ≠ plus répandu
Oui, on en parle plus. Oui, les bilans explosent. Mais non, ce n’est pas une “invention” moderne. Le HPI a toujours existé. Ce qui change ? La connaissance. Les outils de dépistage. Les mentalités. On repère mieux. On comprend plus. On étiquette moins à la va-vite.
Le test WISC, par exemple, permet une lecture fine du fonctionnement cognitif. Et même s’il ne dit pas tout, il éclaire des zones d’ombre longtemps ignorées.
📚 Le mythe sur le QI
Non, un QI élevé ne signifie pas qu’on est supérieur. Il signifie qu’on fonctionne différemment. Et cette différence peut être source de richesses… comme de fragilités.
Mythe 6. “Ils n’ont pas besoin d’accompagnement, eux !”
🤯 Le mythe du cerveau autonome
Croire que les HPI “se débrouillent tout seuls” est une erreur fréquente. Parce qu’ils savent lire à 5 ans, on pense qu’ils vont forcément réussir. Sauf qu’ils peuvent aussi s’épuiser, douter, s’angoisser. Leur cerveau fonctionne vite, oui, mais il ne sait pas toujours freiner. Et il a besoin de sens, de connexion, d’ajustement.
🌱 Accompagnement sur-mesure = clé d’épanouissement
Un accompagnement enfant HPI n’est pas du luxe. C’est une nécessité. Que ce soit en coaching, en psychopédagogie, à l’école ou à la maison, ces enfants ont besoin d’un regard qui voit plus loin que leurs performances. Qui écoute ce qui vibre en eux, ce qui cogite, ce qui déborde.
Conclusion : Et si on laissait tomber les cases ?
Le HPI n’est pas un trophée à exhiber, ni un fardeau à cacher. C’est un mode de fonctionnement, souvent intense, parfois déroutant, toujours unique. Derrière chaque enfant HPI, il y a une personnalité riche, une soif de sens, une hypersensibilité qu’il faut apprivoiser.
Et si, plutôt que de chercher à faire rentrer ces profils dans des cases, on les regardait vraiment ? On les écoutait ? On les accompagnait… humainement, simplement, avec bienveillance.