Comment orthophonistes, psychomotriciens, ergothérapeutes et psychopédagogues travaillons-nous en synergie ?
Un regard de terrain sur une collaboration au service des enfants qui apprennent autrement
Quand un enfant rencontre des difficultés d'apprentissage à l'école, il ne s'agit jamais d'un seul problème. Langage, attention, motricité, confiance en soi, organisation... Les obstacles sont multiples, et aucun professionnel ne peut tout faire seul, d'où l'importance d'une équipe pluridisciplinaire : orthophoniste, psychomotricien, ergothérapeute, psychopédagogue, neuropsychologue…
Mais cette diversité, aussi précieuse soit-elle, peut vite devenir un vrai casse-tête pour les familles : rendez-vous qui s'enchaînent, recommandations différentes, comptes rendus complexes… Et une question qui revient toujours : est-ce que tout cela fonctionne vraiment ensemble ?
Car pour être utile, cette aide doit être coordonnée, lisible, cohérente. Une vraie approche collaborative, où chacun apporte son expertise sans doublon ni contradiction pour ces enfants à besoins spécifiques.
C'est tout l'enjeu de ce guide pratique : comprendre comment nous, professionnels, travaillons en synergie, ce que cela change pour l'enfant, sa famille et nous-mêmes.
Sommaire
1. Mon rôle de psychopédagogue : faire le lien et donner du sens aux apprentissages
2. Comment nous travaillons vraiment ensemble : l'histoire de Maxime
3. Les bénéfices concrets de cette approche collaborative
- Mon rôle de psychopédagogue : faire le lien et redonner du sens aux apprentissages
Mon rôle de psychopédagogue, c'est un peu comme en cuisine : chaque professionnel prépare des ingrédients précieux pour aider l'enfant — une meilleure tenue du crayon, une lecture plus fluide, une organisation plus claire... Moi, je prends ce que chacun a apporté et je les assemble pour former un gâteau savoureux : remettre du sens aux apprentissages, redonner le goût et le plaisir d'apprendre.
Je suis aussi un pont entre les différentes prises en charge et le quotidien de l'enfant. Concrètement, j'aide l'enfant à :
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Transférer ses acquis thérapeutiques dans ses devoirs et sa scolarité
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Retrouver le sens de ses apprentissages et sa motivation
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Développer son autonomie et sa confiance en lui
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Coordonner l'utilisation de ses différents outils
La réalité du terrain : reconstruire après les difficultés
Car souvent, les jeunes que je reçois ont déjà vu plusieurs spécialistes. Les bases sont là, mais il reste des traces : perte de motivation, peur d'échouer, difficultés à se projeter vers l'avenir.
Mon travail, c'est de relancer l'élan, de leur permettre de se sentir capables, et de les accompagner à construire un projet dans lequel ils pourront se mettre en réussite.
Important : Je ne pose pas de diagnostic médical, ne prescris rien et n'effectue pas de rééducation spécialisée. Je travaille en complément des autres professionnels, jamais en remplacement.
2. Comment nous travaillons vraiment ensemble : l'histoire de Maxime
Le parcours de Maxime : un exemple concret
Maxime, collégien, arrive chez moi orienté par sa conseillère d'orientation qui a évoqué l'approche psychopédagogique à ses parents.
Il a un diagnostic de TDAH posé récemment, mais sans prise en charge spécialisée faute de place disponible. Il a également des difficultés spécifiques d'apprentissage identifiées lors de bilans précédents. Il y a eu peu de psychoéducation autour de ses troubles.
Ses parents sont épuisés : "Il a eu différents suivis, certaines choses se sont améliorées, mais les devoirs restent un cauchemar. Avec le diagnostic TDAH, on ne sait plus comment l'aider."
L'autonomie et les résultats ne suivent pas.
Malgré tous les efforts, les devoirs restent laborieux et les résultats très irréguliers. Les mathématiques sont catastrophiques. Maxime est complètement démotivé et a développé une image très négative de lui-même. Lors de notre premier rendez-vous, quand je lui explique concrètement ce qu'est le TDAH avec des mots simples, il fond en larmes : "Je pensais que j'étais bête..."
La situation scolaire est compliquée.
Maxime peut avoir des difficultés comportementales à l'école. L'établissement n'est pas toujours très soutenant face à ses troubles. Il est parfois perçu comme "un élève qui ne fournit pas assez d'efforts". Il bénéficie d'adaptations pédagogiques, mais celles-ci ne sont pas toujours appliquées de manière cohérente par tous les enseignants.
Mon intervention : redonner du sens et créer des ponts
Première étape : la psychoéducation
Avant tout, j'ai pris le temps d'expliquer à Maxime et à ses parents ce que signifiait concrètement son profil TDAH. Avec des mots simples et des exemples du quotidien, j'ai décortiqué ses difficultés de mémoire de travail, d'attention et de planification. Cette étape a été libératrice : Maxime a enfin compris qu'il n'était "pas bête" mais qu'il avait un cerveau qui fonctionnait différemment.
Transformer les bilans en stratégies concrètes
Les résultats des bilans psychologique et neuropsychologique sont devenus notre feuille de route. Ses forces (bonnes capacités visuo-spatiales, vitesse de traitement correcte) sont devenues les leviers pour contourner ses difficultés. Nous avons créé des supports visuels pour compenser sa mémoire de travail fragile et des stratégies de planification pour structurer son travail.
Apaiser le quotidien familial
L'accompagnement de Maxime, c'est aussi soutenir ses parents. Leur expliquer pourquoi il "explose" sur les devoirs, les aider à adapter leurs attentes, leur donner des outils concrets. Car quand les parents comprennent mieux, l'enfant se sent moins jugé et peut mieux progresser.
Développer l'autonomie et de meilleures stratégies d'apprentissage
Avec Maxime, nous avons travaillé sur sa façon d'apprendre. Fini le "par cœur" sans comprendre ! Nous avons mis en place des révisions régulières où il apprend à se poser les bonnes questions : "Qu'est-ce que je comprends vraiment ? Qu'est-ce qui me pose problème ?" Il a découvert qu'il pouvait expliquer ses leçons avec ses propres mots et créer ses propres exemples. Cette nouvelle autonomie change tout : il devient acteur de ses apprentissages.
Redonner l'élan et la motivation
Progressivement, Maxime a recommencé à croire en ses capacités. Les mathématiques restent difficiles, mais il sait maintenant comment s'y prendre. Il utilise ses fiches visuelles, prend le temps de découper les énoncés, et surtout : il ne baisse plus les bras au premier obstacle. "Maintenant je sais que ce n'est pas parce que je suis bête", me dit-il.
3. Les bénéfices concrets pour l'enfant et la famille
Pour l’enfant
- Cohérence : il reçoit des messages alignés de tous ses intervenants ;
- Efficacité : ses efforts dans chaque suivi se renforcent mutuellement ;
- Autonomie : il apprend à transférer ses compétences d’un contexte à l’autre ;
- Confiance : il voit ses progrès et reprend goût à apprendre.
Pour les parents
- Clarté : ils comprennent le rôle de chaque professionnel ;
- Outils : ils ont des stratégies concrètes pour aider leur enfant ;
- Sérénité : ils voient que toute l’équipe avance dans la même direction.
Pour les professionnels
- Efficacité : nos interventions se complètent au lieu de se disperser ;
- Apprentissage : nous enrichissons nos pratiques mutuellement ;
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Satisfaction : nous voyons l’impact global de notre travail.
Conclusion : Travailler ensemble pour aider l’enfant à reprendre sa place
Travailler ensemble, c'est bien plus qu'additionner des interventions : c'est la création d'un accompagnement cohérent qui redonne à l'enfant sa place d'apprenant.
Quand orthophonistes, psychomotriciens, ergothérapeutes, neuropsychologues, psychologues et psychopédagogues agissent chacun dans leur domaine mais dans une vision partagée l'enfant ne reçoit plus des "morceaux d'aide" dispersés : il bénéficie d'un véritable projet qui fait sens pour lui.
C'est ainsi que la confiance se reconstruit, que le goût d'apprendre revient, et que la fameuse "machine à apprendre" se remet en route.
Un enfant entouré d'adultes qui croient en lui et avancent dans la même direction, c'est un enfant qui se sent compris… et qui ose avancer.
Besoin de conseils personnalisés pour votre situation ? Contactez-moi pour un accompagnement psychopédagogique adapté à votre famille.